1 de junho de 2014

Des architectes inspirés par un monde meilleur

SABINE GRANDADAM

COURRIER INTERNATIONAL
21 MAI 2014

CITÉ DE L'ARCHITECTURE

Une exposition organisée par la Cité de l'architecture à Paris fait la part belle à des architectes du monde entier dont le travail s'inscrit dans une démarche plus écologique et plus centrée sur les besoins futurs de 9 milliards d'humains. Quelques exemples.

Le Parque Biblioteca España, bâtiment culturel abritant une bibliothèque, de l'architecte colombien Giancarlo Mazzanti (Diana Moreno)

"Qu'est-ce qui différencie les bâtiments durables des autres ?" s'interroge l'architecture suisse Bob Gysin dans la Neue Zürcher Zeitung.

Ils sont davantage qu'une simple construction répondant à des normes à la fois écologiques, économiques et sociales. Incontournables, ces critères ne se suffisent pas toutefois pas à eux-mêmes. La vraie différence qui caractérise une construction durable, estime la Neue Zürcher Zeitung, c'est l'identité culturelle et sociale qu'elle véhicule et qui permettra d'enraciner la dimension écologique dans l'avenir de nos sociétés.

C'est précisément la démarche qui caractérise les lauréats du Global Award for Sustainable Architecture exposés à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris (21 mai au 6 octobre 2014). Chacun à sa façon, ils illustrent un engagement professionnel fort au service d'une architecture plus humaine et tout aussi inventive. De Medellín en Colombie à Hangzhou en Chine, en passant par le Burkina Faso, ces architectes ont choisi de s'écarter des projets d'image et de centrer leur travail sur le devenir de l'homme dans la spirale des problématiques actuelles de démographie, d'espace, d'inégalités et d'urbanisation.

Transformation sociale

En témoigne Giancarlo Mazzanti, un architecte colombien originaire de Barranquilla qui a choisi de consacrer son œuvre à "la transformation sociale". Il a participé, à Medellín, à l'ambitieuse refondation sociale que s'est fixée l'équipe munipicale depuis plus de dix ans pour en finir avec une ville fragmentée et violente. Giancarlo Mazzanti a notamment imaginé le Parque Biblioteca España, une infrastructure devenue emblématique du projet municipal. Construit au pied d'un bidonville, où rien n'existait auparavant que la pente séparant la ville prospère des quartiers de misère, le "parc-bibliothèque" est un ensemble architectural et d'aménagement urbain dédié aux services publics et aux loisirs pédagogiques.

"Je suis ému quand quelqu'un du quartier vient me dire que c'est exactement cela dont sa communauté avait besoin, confiait Giancarlo Mazzanti au quotidien de Medellín El Heraldo. "Rien n'est plus beau que de constater que les gens s'approprient le bâtiment, en font usage et de voir que cela induit un changement favorable". Autre continent, même approche dans un tout autre contexte, rural et sahélien. Au Burkina Faso, Diébédo Francis Kéré a concilié nécessité, impératifs économiques et climat. Natif de Gando, dans le centre-est du pays, il vit aujourd'hui à Berlin et "s'investit pour la réalisation de multipes œuvres à caractère social au Burkina et ailleurs", écrit le site burkinabé Lefaso.net.

Après avoir créé en Allemagne une association, "Des briques pour l'école de Gando" [Schulbausteine für Gando], l'architecte a mené à bien la construction d'une école s'inspirant de "la construction traditionnelle en terre, par nature provisoire, mais en [...] utilisant de nouveaux principes pour un faire une construction durable ayant de bonnes qualités techniques", expliquait-il au journal. Ce projet reçoit en 2004 le prix d'architecture Aga Khan Award. De l'école au gymnase et aux logements des enseignants, le projet Gando est devenu pour Francis Kéré le symbole d'une architecture durable parfaitement adaptée aux conditions locales. "Dans son travail, commente le magazine allemand d'architecture Baumeister, Kéré ne se met pas le climat à dos, il avance de concert avec lui, intègre des ventilations transversales pour inviter le vent dans son bâtiment."

Renouer avec une tradition éprouvée

Trop longtemps, "l'architecture durable a été l'objet des visions et des utopies de quelques-uns", poursuit la Neue Zürcher Zeitung.
Mais l'époque pousse aujourd'hui les architectes à prendre pleinement possession du sujet. Comme Wang Shu, premier lauréat chinois du prix d'architecture Pritzker, qui a voulu "s'éloigner de la clinquante architecture commerciale de marbre et de verre qui a accompagné le boom urbain de la Chine", écrit le New York Times.
Avec le campus de la China Academy of Arts de Huangzhou, qu'il a réalisé, M. Shu a démontré que même des projets de grande envergure pouvaient tout à la fois renouer avec des matériaux et un style de construction traditionnels, répondre à des impératifs de coûts modestes, notamment grâce au recyclage, et faire œuvre contemporaine.

L'architecte de Huangzhou revendique avec audace des choix plus mesurés et plus proches des besoins de la population, dans une Chine à l'urbanisation galopante dont il regrette le mimétisme à l'égard de l'Occident. "La Chine a-t-elle vraiment besoin de recourir à des constructions géantes qui lui servent d'icônes ? Ne pourrait-elle pas trouver des moyens plus intelligents de relever les défis écologiques et environnementaux ?" cite le New York Times. Une question à laquelle M. Shu ne cesse de répondre en développant un choix alternatif, une "reconstruction contemporaine de l'architecture locale chinoise".

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